Passage du col !

Comme attendu, la nuit a été très mauvaise. Laurent a eu bien mal à la tête, et moi je me suis levé 4 fois pour aller pisser ! Sachant que les toilettes sont dehors, à environ 50m de la chambre...
On part tard, à 8h15 (en montagne, les gens partent aux aurores, d'autant plus sur une étape dure comme ça, notamment pour éviter le vent fort qui se lève au fur et à mesure). On sera les derniers à partir du High Camp, et ceux qui ont dormi à Thorung Phedi, 400m plus bas donc, sont déjà passés par là.

La montée est forcément difficile, mais on a la chance de ne quasiment pas avoir de vent. Il nous reste 500m de dénivelé positif, sur 3 km de distance, chaque pas est un effort en soi. On progresse tranquillement, et on atteint le col à 10h30. On aura bien marché car il faut 3 heures en moyenne.

Quel plaisir d'y arriver ! On y est, 5416m !
Tout le monde est content, se congratule, se prend en photo devant la porte symbolique du col du Thorung La.

Le froid se fait moins prenant, les pas sont plus légers, la respiration plus facile, tellement la joie est grande d'avoir réussi ! 

On reste sur place une demi heure avant d'entamer la longue descente, il nous reste encore 15 km de marche pour 1700m de dénivelé négatif. Puisqu'on passe un col, on change de vallée, et les paysages sont tout d'un coup très différents, très désertiques, sans plus aucune neige, avec des couleurs de roches différentes. La vue est dégagée et magnifique.

Dans la descente, je ne "cours" pas comme d'habitude, j'en avais fait les frais sur le GR20 en 2006, ou plus récemment, en août dernier, lors de la descente du Piméné (dans les Pyrénées), je ne pouvais quasiment plus marcher le soir, à cause de problèmes de ménisques fissurés aux genoux... Comme quand on est descendus du Ice Lake, je mets donc mes genouillères amenées pour l'occasion, et j'y vais mollo.
On arrivera à Muktinath dans l'après midi, après une bonne pause déjeuner en pleine montagne.

Bilan de cette 8e journée : 18 km en 5 heures et demie de marche, dénivelé +520m/-1720m

NB : Maintenant que le plus dur est fait, et qu'on ne va que perdre de l'altitude tous les jours, je vais vous avouer quelque chose, car je ne voulais inquiéter personne... Lors de la première étape, après s'être fait poinçonner notre permis de randonner par la police (comme c'est le cas dans différents "check posts" disséminés le long du treck), on s'est fait contrôler notre état de santé par des militaires (très sympathiques, comme toutes les autorités au Népal) : tension artérielle, pouls, taux d'oxygènation du sang. Ils consignent tout cela sur une grande feuille commune (avec nom, nationalité, signature), et il s'avère que j'étais le pire de la grande feuille... Ma tension est parfaite, par contre j'avais un pouls de 113 (Laurent 80) alors qu'on s'était arrêtés depuis 10 minutes, et un taux d'oxygènation du sang de 80% (Laurent 99% !) alors que tout le monde dépasse les 90%... Ils m'ont alors seriné d'y aller très lentement, et répété les consignes pour éviter le mal des montagnes (boire 4 à 5 litres d'eau par jour, jamais d'alcool, jamais de tabac, redescendre si ça va mal), ce que j'ai suivi scrupuleusement ! Et tout s'est bien passé 😉. Il faut dire que je me connais, j'ai toujours eu le coeur qui bat vite au moindre effort, j'ai juste évité qu'il s'emballe ! 
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