En approche du Thorung La Pass

Après une bonne deuxième nuit à Bhraka, on part tard (10h), on y va tranquillement, ce n'est pas une énorme journée. Une demi heure après on est à Manang, où on fait des petits achats dans une épicerie.

Pour avoir une idée des prix au Népal (pour les touristes étrangers), une chambre double se situera entre 1,5 et 4€ (très bon marché mais c'est loin d'être des 3 étoiles !), pour la nourriture c'est un peu plus cher :
- thé : entre 0,5 et 1€
- soupe : environ 3€
- plat : entre 3 et 7€

Et dans l'épicerie, pour 8€, j'ai acheté :
- 200g d'amandes
- 100g de salami de yack (super bon)
- 100g de fromage de yack (pas mal mais pas trop de goût, normal de penser ça pour un français)
- 2 Snickers
- 1 rouleau de papier toilette

À priori ça ne serait pas beaucoup plus cher en France.

Manang marque la fin de la grosse piste où peuvent circuler parfois jeeps, camions ou motos. À partir de maintenant et jusqu'à l'autre côté du col de Thorung La, on n'aura que des chemins de randonnée, c'est bien plus calme et plus agréable ! On ne croisera plus que des nepalais à pied (parfois bien chargés), ou des ânes, ou des chevaux. Ma végétation change, il n'y a plus d'arbres, plus que de la broussaille.

On s'arrêtera déjeuner à, seuls sur une terrasse, avec encore une vue splendide. Et puisqu'on progresse dans la vallée en suivant une rivière qui fait cette fois un grand virage à droite, c'est aussi à priori la dernière fois qu'on verra le Manaslu (m), le Gangapurna, et les Annapurnas II, III et IV.
Il nous reste encore à découvrir le principal, l'Annapurna I.

On croise peu de monde mais les interrogations sont souvent les mêmes : sachant qu'il ne fait pas monter trop vite pour l'acclimatation à l'altitude, où dormir, à 4000m ou à 4200m ? Ce qui conditionne le surlendemain, le passage du col, car la nuit qui le précédera se passera alors à 4400m ou au High Camp à 4850m. Mais plus on dort haut, plus on a mal à la tête, plus il fait froid, plus la nuit est délicate.. Mais ça permet aussi d'avoir une étape moins longue en passant le col, sachant qu'elle est déjà forcément difficile ! Bref, on hésite tous pas mal.
On opte finalement pour Letdar, à 4200m. Il fait vraiment froid, on est très couverts tout le temps, en journée, en soirée dans la salle commune, au lit. À 21h, il fait 2 degrés dans la chambre, qui est franchement rustique. Les chambres sont séparées par une mince planche de bois, on entend absolument tout.


Bilan de cette 6e journée : 16 km en 5 heures de marche, dénivelé +850m/-100m
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On n'a pas bien dormi, entre les bruits des jeunes anglais d'à côté, et l'équilibre difficile à trouver entre le froid de la chambre et la chaleur du sac de couchage (et oui !) qui nous réveille plusieurs fois dans la nuit...

On n'a pas une grosse journée à faire, alors ce matin on prend notre temps. Tous les autres randonneurs sont partis entre 7h30 et 8h30, nous on décolle à 11h.

Arrivés au "camp de base" du col à Thorung Phedi, à 4550m, la même question est sur toutes les lèvres : que faire maintenant ? Tout le monde hésite, on en parle pendant 2 heures en mangeant et on en débat d'ailleurs avec un groupe d'espagnols qui hésite beaucoup aussi. La question est importante, car ça dépend énormément de la réaction de chacun à la haute altitude, et il peut être vraiment dangereux de faire n'importe quoi. Soit on reste sur place et on monte 900m le lendemain jusqu'au col, ce qui fait une très grosse journée puisqu'il y a 1700m à descendre après le passage du col quoiqu'il arrive, soit on monte 400m bien raides dans l'après midi, on dort au High Camp à 4900m, et il ne reste donc plus que 500m le lendemain avant la descente. Le problème est qu'il est assez déconseillé de dormir très haut, pour le fameux mal des montagnes... Tout le monde évalue donc sa réaction sur le moment, à 4550m, ce qui n'est pas forcément évident, et on passe en revue tous les symptômes possibles de ce mal, et il y en a ! Mal de tête, nausée, vertiges, fatigue extrême, perte d'appétit, toux, troubles de la vue, etc... Pas évident, par exemple, de savoir si on est fatigués parce qu'on a mal dormi, parce qu'on vient de faire 3 heures de marche à plus de 4000m, ou si c'est le début de quelques chose qui pourrait y ressembler ! 

On décide finalement de monter au High Camp, sachant qu'il faut marcher extrêmement lentement car l'oxygène se fait rare et chaque pas demande un effort... Par exemple, à 5000m, il y a environ 45% d'oxygène dans l'air (par rapport à 100% au niveau de la mer). On y va, je suis à peu près sûr que mon arrière-grand-mère marchait plus vite que moi à ce moment là (réellement !), mais tout se passe bien, je me retrouve au High Camp 1 heure plus tard, avec mes espagnols et d'autres. Laurent était plus en forme, il a mis 40 minutes. Tout va bien, on n'a aucun symptôme, génial ! 

Dans la chambre, à 20h, il fait -2 degrés. Et la respiration est difficile. On va quand même dormir plus haut que le Mont Blanc ! Bref ça ne sera pas notre meilleure nuit, mais à partir de demain, après un dernier gros effort et une exposition encore importante au mal des montagnes (car on va monter à 5400m), on ne fera quasiment que descendre, donc ça se réchauffera, au fur et à mesure. 

Bilan de cette 7e journée : 9 km en 4 heures et demie de marche, dénivelé +750m/-200m